Marie-Eve Arbour

Christian Bégin
Photo Alma Kismic
Photo Alma Kismic
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Visages du Québec nouveau

Marie-Eve Arbour

Avec Visages régionaux, l’entrepreneuse sociale met sa détermination enjouée au service des municipalités qu’elle accompagne.

« On l’fait ! » Cette phrase-là allait revenir beaucoup dans notre conversation.

Mais commençons par le début. 

Je suis au Butterblume, à Montréal. J’y suis souvent. Au bar. Je lis. Je l’attends. En buvant une infusion à la menthe. Je fais JAMAIS ça. Puis, sans trop savoir pourquoi, je me retourne et elle est là. Comme si quelque chose d’elle était arrivé avant... Comme si elle avait brassé l’air dans la place juste en y entrant.

— On l’fait !

Avant même qu’elle ait dit un seul mot, c’est dans ses yeux. Quelque chose de vif, d’allumé, de déterminé, de persuasif, d’enjoué et de libre. 

— On l’fait ! 

C’est écrit dans sa face. C’est immédiatement lisible et irrésistible; elle convaincrait une moniale de devenir DJ. Mais, avec Marie-Eve Arbour, on fait pas n’importe quoi pour n’importe quelle raison. Ce leitmotiv—voire ce credo—est monté sur des fondations faites d’un savant alliage de plaisir et de sens. « Faut que ça soit le fun, et faut que ça serve à quequ’chose. »

Je vous parlerai pas tant du passé, parce qu’avec elle, tout se conjugue dans l’ici et maintenant, avec un léger regard vers le tantôt, vers des demains qui chantent mieux.

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Marie-Eve a un parcours pas du tout aty­pique : elle nait à Saint-Lambert, fait des études en communication à Montréal. Mais quelque chose trépigne en elle. L’appel de l’ailleurs. Mais l’ailleurs-ici. Pas tant pour aller voir ailleurs vérifier si elle y est. Non. Pour prendre le pouls du monde, et voir ce qui s’y passe. Pour rencontrer d’autres visages. 

Au commencement, donc, il y avait l’élan.

Elle reçoit la bourse Laure Waridel pour un projet qui servira à répertorier les initiatives qui rendent les régions du Québec attractives.

Alors qu’on entend partout que les régions se dévitalisent, Marie-Eve refuse ce diagnostic. Ou du moins, si tel est le cas, elle veut trouver un remède, faire mentir les statistiques, se brancher, s’allier aux forces vives invincibles et frondeuses de celles et ceux qui font vivre et vibrer les « régions »—même les plus éloignées. 

Elle m’envoie la chronologie sommaire de son parcours : j’ai pas enregistré notre conversation. J’étais scotché à son récit et... elle parle beaucoup. 2010 : Elle obtient la bourse Laure Waridel.

2011 : Elle part en tournée dans son camion à l’huile végétale pour créer un répertoire des initiatives régionales. 

2012 : Elle atterrit dans L’Islet. 

2013 : Elle choisit le Kamouraska et s’y installe.

2014-2015 : Elle participe au mouvement Coule pas chez nous, la mobilisation contre l’oléoduc Énergie-Est (j’en étais !) et, à titre de travailleuse autonome, elle jette les bases d’un projet d’affai­res : Visages régionaux. (J’en étais aussi ! J’ai souvenir d’un souper mémorable chez moi, offert en contrepartie lors de la campagne de socio­financement.) « Depuis ce temps-là, l’équipe grandit, et on joue à travailler ! »

Visages régionaux, c’est une entreprise qui fait du « marketing territorial » et bâtit des projets de développement des communautés. Mais Marie-Eve ne cherche pas à vendre un territoire : elle veut le révéler. C’est pas pareil pantoute. Quand une personne se révèle, vraiment, avec toutes ses aspérités, on a le gout de mieux la connaitre. On a le gout d’être avec elle. C’est pareil pour un territoire et les gens qui l’animent. Visages régionaux aide les villages, les villes, les MRC à se révéler et à attirer du monde.

Pour mieux comprendre, vous allez là : visagesregionaux.com. Allez voir ce qu’elles—oui, c’est une affaire de femmes !—ont fait à Portneuf, à Brome-Missisquoi, à Baie-Johan-Beetz ! Allez voir comment elles sont drivées par la mise en lumière de l’Autre. 

J’arrive au bout de la page. Et vous la connaissez à peine... Mais vous pressentez quelque chose. C’est ça !

Au fond, je veux juste vous dire que quand Marie-Eve Arbour dit « On l’fait ! », c’est l’ici- ailleurs avec un boutte de demain qui s’invente et qui est en marche. 

Mais, avec elle, faut pas juste suivre la parade, faut être dedans. Et j’en suis ! All in !

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