Ce qu’on écoute—septembre 2025
Avec ses compositions élégantes et sans artifice, la jeune Canadienne Noeline Hofmann insuffle au country traditionnel toute la force brute et la poésie des plaines de l’Ouest.
Paru en 1985 mais revu cette année aux Éditions de Minuit à partir des tapuscrits originaux et d’un texte resté inédit, La mémoire et les jours de Charlotte Delbo ressurgit comme une œuvre brulante d’actualité, entre mémoire des camps et solidarité face aux violences qui se répètent aujourd’hui encore.
La mémoire et les jours
Auschwitz et après, tome 4
Charlotte Delbo
(Minuit)
D’Auschwitz, des camps, de l’horreur, Charlotte Delbo disait qu’ils étaient si profondément gravés dans sa mémoire qu’elle n’en oubliait aucun instant. Elle affirmait néanmoins ne pas vivre avec Auschwitz, mais bien à côté.
Dernier volet de la tétralogie Auschwitz et après, La mémoire et les jours est à la fois «le plus intime et le plus vaste», géographiquement parlant (nous amenant de l’Argentine à la Sibérie, en passant par la Grèce), des quatre récits poétiques rédigés par cette femme engagée, tour à tour journaliste, dramaturge, résistante, comme le mentionne sa biographe, Ghislaine Dunant, à qui a incombé la tâche de préparer l’édition définitive de ce livre qu’avait dû refuser Jérôme Lindon (pourtant éditeur des trois premiers tomes), au début des années 1980, faute de lectorat.
Ce texte, qui s’était finalement retrouvé aux éditions Berg quelque temps après la mort de l’autrice, demeurait épuisé, et, d’une certaine manière, incomplet. En veut pour preuve ce chapitre intitulé «7e année de la guerre d’Algérie», publié pour la première fois, qui, s’il était paru à l’époque de sa rédaction, aurait été le premier texte d’intellectuel rendant compte de la répression d’octobre 1961 («Les jours suivants, des cadavres d’Algériens flottaient sur la Seine. Et on en a repêché longtemps encore après ce jour-là.»).
Lire La mémoire et les jours, à l’heure des «guerres des puissants contre les faibles», c’est le lire comme Delbo a voulu l’écrire—dans un élan de solidarité qui transcende les frontières et les âges. Comme le résumait son ami et éditeur François Bott, en parlant de sa manière de dépeindre l’extrême misère avec une extrême douceur: «[L]orsqu’un corps est écrasé, lorsqu’un visage est mutilé, chacun devrait savoir que c’est son propre corps et son propre visage que l’on outrage.»
— Ralph Elawani, collaborateur, Nouveau Projet
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