L’Abitibi-Témiscamingue dans leurs mots
De Richard Desjardins à Jocelyne Saucier en passant par Virginia Pesemapeo Bordeleau: découvrez les textes les plus marquants sur la région.
Dans sa brave façon de faire les choses, Saint-Gabriel avançait une grande roche en travers des Appalaches, une roche où les dieux viendraient s’endormir la panse à l’air pour se faire couper les ongles par des animaux sauvages, des écureuils ou des corneilles, nécessairement reconnaissants d’avoir été mis là par quelqu’un et se nourrissant peut-être ainsi.
Jean-Philippe Chabot, Le livre de bois (2017)
Je me rappelle un de mes amis qui, arrivé à la Rivière-du-Loup, se trouvait absolument mystifié : « Le loup ! demandait-il aux passants, le loup, je veux voir le loup; je vois bien la rivière, mais où est le loup ? » Il n’en démordait pas et sa surprise était extrême; il pensait sans doute qu’un loup traditionnel devait passer sa vie à traverser la rivière et se faire remplacer par un autre dès qu’il se sentirait sur le point de faillir à sa mission.
Arthur Buies, « La Rivière-du-Loup », Petites chroniques pour 1877 (1878)
Ici les lieux s’agglutinent.
Le regard balaie « ile au Massacre »
« ile Brûlée » « cap Enragé ». Les iles
sont figées dans leur durée. Plus
loin les sanctuaires d’oiseaux, le duvet,
les mousses, la déclivité perturbante
des falaises. Puis « baie des roses »
« pic Champlain » « Saint-Fabien »
« Saint-Simon » : maintenant
les hangars, la tôle, les maisons,
les églises, les tourbières odorantes,
les cantines et les cours à ferraille.
Marie-Hélène Voyer, Expo habitat (2018)
les femmes seules en région
chantent avec une poignée d’aiguilles d’épinette
nichée dans leur gorge de miel
Matane vue par Anick Arsenault, Habitantes (2021)
Nous étions là
dans la transparence
du monde, les bleus de mer
tremblaient entre les cils
la cloche de l’église s’éteignait
dans l’anse renversée
près du cimetière marin
Sainte-Luce vue par Paul Chanel Malenfant, Il n’y a plus d’après (2019)
L’automne, Kamouraska, tout entier, est livré aux outardes, canards, sarcelles, bernaches, oies sauvages. Des milliers d’oiseaux sur des lieues de distance.
Tout le long de la grève.
Anne Hébert, Kamouraska (1970)
Le Saint-Laurent, lui a garanti tante Mique, tu verras, il te rentrera dans le corps, il t’emportera. Son odeur sera à tout jamais gravée dans la moindre
de tes cellules.
Rimouski vue par Pénélope Mallard, Juliette ou Les morts ne portent pas de bigoudis (2020)
À notre droite se déroulait à l’horizon, comme un ruban bleu, les côtes du nord : à notre gauche étaient l’ile Saint-Bernabé, et, plus loin, l’amphithéâtre que forment les contreforts des montagnes de la côte sud; en avant de nous, l’ile du Bic et le Biquet; en arrière, les eaux à perte de vue; à distance autour de nous, quelques berges de pêcheurs, des canots de chasseurs à la pourcie, et quelques grands navires à l’accalmie au large.
Joseph-Charles Taché, Forestiers et voyageurs (1863)
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De Heather O’Neill à Hubert Aquin en passant par Leonard Cohen, la métropole a été immortalisée par quelques-unes de nos plus grandes plumes.
Les romans du terroir et la littérature historique ont la cote chez les auteur·trice·s de cette région qui célèbre ses traditions.
D’Alfred Desrochers à Véronique Grenier en passant par Alexie Morin: les Cantons-de-l’Est sont une source d’inspiration pour ceux et celles qui écrivent.