La merdification est encore pire que nous le pensions
Dans son nouvel ouvrage, Cory Doctorow étaye ses thèses sur la «merdification» de l’internet. Il en ressort un portrait révoltant de pratiques qui affectent aussi le monde réel.

À l’image de Denis de Rougemont dans Journal d’un intellectuel en chômage (1937), notre collaboratrice, qui a annoncé la fermeture officielle du restaurant montréalais Manitoba à l’automne 2021, relate son nouveau quotidien à la campagne, loin du stress de la ville et de la restauration.
La fatigue d’une restauratrice populaire. Dollarama, les variétés de jujubes et la tombe de la culture régionale. Les désillusions d’une citadine. L’émotion devant un sachet d’agastaches. Le retour à une vie plus lente et significative.
Je n’ai jamais voulu être restauratrice. En vérité, je pense que je ne l’ai jamais réellement été.
Ce que je voulais, quand j’ai ouvert le Manitoba en 2013, c’était transmettre des connaissances—dont plusieurs que je ne détenais même pas encore—sur notre territoire nourricier. Qu’avons-nous mangé à notre arrivée sur les flancs de Tadoussac? Qui sont les Premières Nations? Qui sommes-nous, nous? Où s’en va notre agriculture? Que mangerons-nous demain? Quelle place la nature occupera-t-elle dans notre alimentation? Pourquoi sommes-nous si ignorant·e·s de la chose alimentaire?
Plus égoïstement, j’avais envie de cueillir des plantes sauvages comestibles, de raconter mon histoire et de devenir la meilleure version possible de moi-même en buvant du vin nature.
Mais, de fil en aiguille, le milieu m’a avalée. J’ai perdu le Nord, le Sud, et tous les petits flags orange que j’avais accrochés sur mon chemin pour ne pas m’égarer. Je me suis éloignée de mes valeurs fondamentales et de mon besoin vital d’avoir les deux mains dans la terre et les deux pieds dans l’eau d’une rivière. La restauration, qui était censée me lier à la nature de manière presque divine, est devenue mon ennemie.
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Dans son nouvel ouvrage, Cory Doctorow étaye ses thèses sur la «merdification» de l’internet. Il en ressort un portrait révoltant de pratiques qui affectent aussi le monde réel.

Alors que s’amorce la nouvelle année, une réflexion sur nos visions du futur: et si, loin d’être neutres ou inédites, elles étaient des héritages du passé qui orientent nos choix collectifs et limitent notre capacité à imaginer d’autres possibles?

À garder en tête en 2026: le geste créatif, disponible en chacun·e de nous, a peut-être la capacité de nous offrir cet espace de paix que nous cherchons ailleurs, et de nous aider à guérir.

Quand le bruit empiète sur la preuve, il devient crucial de se pencher sur les procédés qui permettent aux chiffres fabriqués, aux raisonnements bancals et aux digressions hors propos de ne plus susciter l’étonnement. Se dessine un paysage troublant: celui d’une époque où le mensonge constitue la toile de fond de nombreux débats.