«Projet Polytechnique»: affronter la haine

 credit: Photo: Guillaume Boucher
Photo: Guillaume Boucher
Publié le :
L’entrevue

«Projet Polytechnique»: affronter la haine

À l’automne 2023, le Projet Polytechnique, écrit par Jean-Marc Dalphond et Marie-Joanne Boucher, sera présenté à Montréal. Cette œuvre de théâtre documentaire qui plonge dans la mémoire collective de l’attentat de 1989 pour interroger la violence à l’égard des femmes en 2022 sera publiée en même temps dans la collection de théâtre d’Atelier 10. 

Dès cet automne, le duo lancé dans cette quête pour des raisons autant personnelles que collectives raconte son parcours dans un balado disponible sur OhDio. Les deux complices ont accepté de nous parler de ce projet qui les pousse dans leurs derniers retranchements.

Jean-Marc, ta cousine Anne-Marie Edward est l’une des 14 victimes de l’attentat de Polytechnique. En lisant votre pièce en cours d’écriture, nous avons appris que ça faisait 30 ans que tu pensais à faire un spectacle là-dessus. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps?

Jean-Marc: J’avais l’intuition qu’il y avait un spectacle à faire, mais je ne savais pas par quel angle le prendre. Puis, le hasard a voulu que nous parlions sur les réseaux sociaux, Marie-Joanne et moi, alors que nous ne nous connaissions pas encore. De fil en aiguille, l’idée d’un spectacle sur Polytechnique est née. On est parti·e·s le cœur ouvert et on a trouvé notre angle au fil du travail.

Parfois, il faut juste donner sa chance à la vie, qui met de belles personnes sur notre chemin.


Marie-Joanne, dès le début de vos recherches, tu dis que tu as ressenti une «énergie noire», que tu as eu peur de perdre ta lumière. Comment est-ce que tu as réussi à garder ta confiance en l’humanité?

Marie-Joanne: Quand j’ai pris conscience de la noirceur présente sur le web, j’ai d’abord cru qu’il me suffisait de tourner le dos pour ne pas m’y exposer. De fermer mon ordinateur et de ne pas aller sur certains sites ou certains forums. J’étais confortable dans ma naïveté. Surtout, je pensais qu’il s’agissait du dark web. Mais non. En fait, ce genre de discours haineux envers les femmes est partagé sur des sites ultra-accessibles.

J’ai notamment un adolescent de 15 ans et je ressens la responsabilité de l’aiguiller en tant que garçon à l’époque où l’on vit. Le fait que ces contenus soient si accessibles m’inquiète, je veux faire ma part pour laisser un monde meilleur aux générations qui s’en viennent. Si je conserve ma foi en l’humanité, c’est parce que je pense à mes enfants. Je crois que nous avons un bel avenir tout de même, mais que nous devons regarder les choses en face.


Abonnez-vous!

Activez dès maintenant votre abonnement à Nouveau Projet pour lire le reste de ce texte. Du contenu original et de grande qualité, des privilèges exclusifs, et bien plus encore.

Voir les forfaits

Continuez sur ce sujet

  •  credit: Photo: Drowster
    Société

    Au ras du sol

    En 2019, l’agronome Louis Robert se faisait montrer la porte du ministère de ­l’Agriculture pour avoir dénoncé l’ingérence du secteur privé dans la recherche publique sur les pesticides. Marc Séguin—artiste et auteur, mais aussi réalisateur du documentaire La ferme et son État—l’a rencontré pour discuter de l’urgence de préserver nos sols.

  •  credit: Photo: Jean-Daniel Richard
    Culture

    Marie-Sissi Labrèche: la rockeuse devenue maman hélicoptère

    Elle a déménagé dans un autre décor, troquant les ruelles de la ville pour les piscines hors terre de la banlieue. Mais au fond, l’écrivaine n’a pas changé. Dans ses écrits comme dans la vie, c’est toujours son hypersensibilité qui la guide, qui la nourrit. Entretien avec l’autrice de la fiction de Nouveau Projet 24.

  •  credit: Photo: UQAM
    Société

    La descente énergétique, ou la révolution qui vient

    Préservation de notre mode de vie, densification intelligente, fin de la croissance… Discussion avec le sociologue Éric Pineault sur les difficiles choix qui nous attendent.

  •  credit: Photo: Valérie Remise
    Société

    Dominique Leclerc: la dystopie, c’est maintenant

    À l’heure où des élèves ont recours à ChatGPT pour produire leurs dissertations, tout le monde semble avoir une opinion sur l’intelligence artificielle. En osmose avec notre époque, la pièce «I/O» témoigne des progrès parfois épeurants des technologies.

Atelier 10 dans votre boite courriel
S'abonner à nos infolettres