Au milieu des années 1980, une éditrice torontoise proposa à Jean Chrétien d’écrire un livre. Chrétien, à qui l’on avait déjà reproché de n’en avoir jamais ouvert un de sa vie, répondit: «Un politicien qui écrit un livre, c’est parce qu’il veut s’expliquer, et moi, je n’ai rien à expliquer.» Un échange vigoureux s’ensuivit. Le principal intéressé en résumait l’issue, en 2021, dans une syntaxe un peu bancale (et donc très Canadian): «Alors elle a écrit un chèque et j’ai écrit un livre.»

Dans ce bestseller, où l’on apprend entre autres que Pierre Elliott Trudeau lui a confié les «Affaires indiennes», en 1968, trois semaines après qu’il eut affirmé ne pas avoir la moindre idée de ce que serait la politique du gouvernement à cet égard, Jean Chrétien décrit son prédécesseur progressiste-conservateur John Diefenbaker comme «un homme étrange à bien des points de vue»: «Il avait une haute opinion de lui-même, comme il nous l’a montré en préparant ses propres funérailles et son musée.»