Ce qu’on a vu—novembre 2025

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Ce qu’on a vu—novembre 2025

Dans Mōnad — Ebnflōh, Alexandra «Spicey» Landé, figure phare du hip-hop montréalais, revient sur scène pour nous inviter dans ses univers intérieurs et incarne l’essence d’un genre en perpétuelle transformation.

Mōnad — Ebnflōh, d’Alexandra «Spicey» Landé

Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce – Monkland

La magnétique Alexandra «Spicey» Landé ne danse habituellement pas dans ses créations. C’est donc une occasion exceptionnelle de capter cette figure emblématique des danses urbaines montréalaises. À la recherche de l’essence de la danse et de la culture hip-hop, l’artiste nous convie dans son monde, ou plutôt dans la multitude d’univers qui l’habitent et la traversent. On devient hypnotisé·e par ses moindres gestes: l’intérieur devient visible de l’extérieur. Lumière tamisée et bonne musique, ce sera difficile de ne pas marquer le rythme avec elle et son acolyte, le musicien Jai Nitai Lotus.

Le 26 novembre

Emmalie Ruest, collaboratrice, Nouveau Projet


Bugonia, de Yórgos Lánthimos

En salle

Ted (Jesse Plemons) constate des dérèglements dans ses colonies d’abeilles. Déterminé à en cerner la cause, il fait ses «propres recherches» qui le mènent à kidnapper, à l’aide de son cousin Don (Aidan Delbis), Michelle Fuller (Emma Stone), PDG d’une compagnie pharmaceutique, qui serait selon lui une extraterrestre venue détruire l’humanité. Le huis clos tendu, teinté d’absurde et relevé par de l’humour noir et une musique oppressante, met en valeur le solide jeu de ces acteur·trice·s. Crise écologique, théories complotistes et pouvoir des élites: le film expose les fractures sociales et politiques contemporaines en explorant les limites du dialogue, jusqu’à ébranler nos certitudes en ce qui concerne le vrai et le faux.

Alexia Leclerc, collaboratrice, Nouveau Projet


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Danses vagabondes, de Louise Lecavalier

Usine C

L’infini répertoire gestuel de cette très grande danseuse, tout comme l’immensité du territoire qu’elle occupe, ne finit plus de nous étonner. Véhiculé par son corps léger, insouciant et sans âge, le moindre sautillement, rebond, jeu de main ou d’épaule, à la frontière du mime et de la danse, inspire et intrigue. On ne savait pas qu’on pouvait aller par là. La très grande part laissée à l’ombre sur la scène, à peine trouée par un gros spot orangé par instants, renforce la dimension spirituelle et intime de son solo.

Maud Brougère, directrice éditoriale, Pièces


Materialists, de Celine Song

Paramount+

Lucy (Dakota Johnson) est une entremetteuse de Manhattan qui excelle à traduire le fantasme émotionnel de l’amour en vocabulaire d’entreprise. Sa conception de l’amour comme feuille de calculs est mise à l’épreuve lorsque Harry (Pedro Pascal), dont la «valeur» excède la sienne, la courtise et qu’elle continue néanmoins à penser à John (Chris Evans), l’ex qu’elle a laissé pour trouver mieux. Si cela vous semble être la comédie romantique la plus froide qu’il soit, c’est voulu: plus qu’un conte de fées, Materialists est une distillation esthétique du jugement tordu que le capitalisme nous amène à poser sur ceux et celles que l’on pourrait aimer. L’approche contrôlée de Celine Song pour parler de cette dérive collective qui revient à penser que ce qui importe en amour, c’est ce qu’on estime nous être n’est pas un cautionnement de cette vision marchande des relations, mais plutôt une dénonciation tranchante. Stylistiquement, rhétoriquement, narrativement, Materialists est all business—c’est précisément le but.

Clara Champagne, rédactrice en chef adjointe, Nouveau Projet


Va falloir toujours toujours, de Christophe Garcia et Érika Tremblay-Roy

Maison Théâtre, dans le cadre du festival jeunesse La mèche courte

Il va falloir toujours toujours être patient·e·s, ne pas crier; il va falloir toujours toujours s’entraider, se pardonner; toujours toujours tenir la maison propre et renvoyer l’image du bonheur. C’est le défi auquel sont confronté·e·s Nina et Jonathan, bien décidé·e·s à remporter le grand jeu de la chose la plus difficile au monde: faire une famille. À chaque niveau de la compétition, mimant une configuration familiale différente, le duo va danser de tout son cœur, essayer, travailler fort… sous l’œil impitoyable et sceptique du chat de la maison, qui regarde tranquillement le foyer virer au cauchemar. Une proposition inattendue, décomplexée, hyper colorée, sans aucune frontière entre la danse et le théâtre, qui fait rire toutes les familles croches dans la salle. Toutes les familles, donc.

Maud Brougère, directrice éditoriale, Pièces

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