Olivier Choinière: frissonner d’horreur, ensemble
Sur scène comme dans «Nouveau Projet», le dramaturge donne libre cours à sa passion pour les scénarios dystopiques et sanglants.
Comme reporter, le québécois Frédérick Lavoie nage dans un couloir à part. Il se démarque de ses collègues grâce à sa plume soignée et sensible, sans jamais verser dans la mièvrerie pour autant.
Troubler les eaux
Frédérick Lavoie
Votre livre m’a appris que la contamination à l’arsenic des puits du Bangladesh constitue le plus grand empoisonnement de masse de toute l’histoire, surpassant même l’explosion de la centrale de Tchernobyl. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces deux évènements n’ont pas eu le même rayonnement. Pourquoi a-t-on si peu entendu parler de cette catastrophe bangladaise survenue dans les années 1990?
La première raison est assez évidente: les médias—et les publics—s’intéressent plus facilement à un danger immédiat comme l’explosion du réacteur à la centrale de Tchernobyl, dont on pouvait suivre le nuage radioactif presque en temps réel, qu’à un empoisonnement de masse qui tue en silence, à petit feu. Tchernobyl était en ce sens beaucoup plus concret et urgent que ne pouvait apparaitre la contamination à l’arsenic au Bangladesh.
La seconde raison à ce manque d’intérêt est un peu plus inconfortable à reconnaitre. L’information internationale, telle qu’on la crée et qu’on la transmet, est à l’image des rapports de pouvoir mondiaux. On peut bien essayer de se convaincre du contraire avec de bons sentiments, mais la vie d’une villageoise bangladaise vaut forcément moins sur un fil de nouvelles que celle d’un Européen. Je le dis sans cynisme, comme un simple constat. Si on souhaite démanteler ces hiérarchies, il faut premièrement savoir reconnaitre ces inégalités de facto. La culpabilité et la pitié à ce sujet ne sont pas des solutions, mais de simples petits pansements vertueux sur un problème qui nécessite des changements bien plus profonds. Il faut apprendre à prêter attention à ce qui sort de nos systèmes de valeurs, à d’autres visions du monde auxquels nos réflexes journalistiques n’arrivent pas d’emblée à donner une importance.
Nouveau Projet, c'est du contenu original et de grande qualité, des privilèges exclusifs, et bien plus encore.
Achetez un accès à cet article ou activez dès maintenant votre abonnement à Nouveau Projet pour lire le reste de ce texte.
Déjà membre? Ouvrir une session.Sur scène comme dans «Nouveau Projet», le dramaturge donne libre cours à sa passion pour les scénarios dystopiques et sanglants.
Dans son documentaire «Le plein potentiel», la cinéaste Annie St-Pierre infiltre l’industrie du bienêtre. À travers elle, on se promène des bains d’eau glacée à la zoothérapie, en passant par le sadomasochisme et la rigolothérapie. Vaste programme, comme on dit.
Unique au monde, l’émission radiophonique «Souverains anonymes» donne un micro à des détenus (ceux de la prison de Bordeaux). Après avoir porté ce projet à bout de bras pendant 35 ans, le réalisateur et animateur Mohamed Lotfi s’apprête à tirer sa révérence. On l’a rencontré, et il a insisté pour qu’on le tutoie.
On peut être mère et tenir les nullipares en estime, et vice versa. En phase avec le commentaire de «Nouveau Projet 29», articulé autour de la production littéraire des femmes sans enfants, cette conversation entre Laurence Côté-Fournier (mère de trois enfants) et notre cheffe de pupitre numérique (mère de personne) vise à rapprocher ces deux solitudes.