La descente énergétique, ou la révolution qui vient

Diane Bérard
Photo: UQAM
Publié le :
L’entrevue

La descente énergétique, ou la révolution qui vient

Préservation de notre mode de vie, densification intelligente, fin de la croissance… Discussion avec le sociologue Éric Pineault sur les difficiles choix qui nous attendent.

Le gouvernement Legault amorce une consultation sur l’avenir énergétique du Québec. De quoi parlerons-nous?

Le mix énergétique québécois se compose de 50 % d’énergie «propre» et de 50 % d’énergie «sale». La Coalition avenir Québec souhaite électrifier la seconde moitié, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre sans porter atteinte à la croissance économique. Or, si demain matin on voulait remplacer tous les joules sales par des joules propres, il faudrait 14 centrales de la taille de la Romaine. C’est dire l’ampleur du défi.

La transition énergétique signifie-t-elle maintenir le statuquo, c’est-à-dire éliminer les énergies fossiles et tout électrifier pour poursuivre notre trajectoire? Ou faut-il évaluer d’autres scénarios qui incluent de changer notre mode de vie et de repenser nos politiques de développement?


Le ministre de ­l’Énergie du Québec est aussi ministre de ­l’Économie et de ­l’Innovation. Ce double mandat est-il susceptible d’influencer les choix énergétiques du Québec?

La question est légitime. Quand la CAQ a annoncé le double mandat du ministre Fitzgibbon et le lancement d’une consultation publique sur l’énergie, la réaction de la population a été viscérale : partout, des voix se sont élevées pour dire «nous ne voulons pas d’un exercice contrôlé par le ministre de ­l’Économie, de ­l’Innovation et de ­l’Énergie. Nous réclamons un terrain neutre. Nous voulons un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement pour que tous les scénarios d’avenir soient envisagés.»

Il faut comprendre que cette consultation publique n’est pas un choix du gouvernement Legault. C’est plutôt une tentative de circonscrire une conversation qui prend de plus en plus de place dans l’espace public. Le gouvernement réagit à la montée du débat de société autour de la transition énergétique. Un débat lancé il y a plusieurs années par le mouvement environnementaliste, mais qui rassemble aujourd’hui une coalition d’acteurs patronaux, municipaux, syndicaux et citoyens.

Au cours des prochains mois, on verra bien comment les Québécois s’approprieront cette réflexion.


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