Les Laurentides dans leurs mots

Photo: Nancy Guignard
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Dans leurs mots

Les Laurentides dans leurs mots

Sélection: Gabrielle Roberge

Quand j’ai acheté un terrain pour presque rien, 3000 dollars, comme si j’étais le premier, c’est comme si j’étais un pionnier. Tout le monde dans les Laurentides, on était un peu comme ça. Il y a la tradition du curé Labelle, la colonisation des Laurentides, mais c’est une colonisation avortée. On ne pouvait pas cultiver ces terres de roches [d’]où je tirerai une partie de mon œuvre sur le précambrien.

René Derouin, Territoires des Amériques (2022)

Nous voilà lancés en pleine forêt de merisiers, d’érables, de hêtres; et tantôt dans les ravins, tantôt sur le flanc des montagnes, nous traversons des ruisseaux pittoresques, qui nous annoncent le voisinage de poétiques nappes d’eau. Or, à tout moment nos éclaireurs crient: Voilà un lac!

La colonisation des Hautes-Laurentides vue par Alphonse Leclaire, dans «Impressions», Revue canadienne (1893)


Je suis devenue une fille du Nord, une fille de bois, de forêt, une fille qui se sent mieux devant les ratons laveurs et les renards que devant ceux de son espèce. Je suis devenue quelqu’un qui marche plus aisément sur la terre, les pierres et les branches que sur l’asphalte. Je me suis créé des racines près d’un lac, comme un grand peuplier faux-tremble, et on ne pourrait me transplanter, me faire survivre ailleurs.

Stéfani Meunier, L’étrangère (2005)

souvenirs, souvenirs, maison lente

un cours d’eau me traverse

je sais, c’est la Nord de mon enfance

avec ses mains d’obscure tendresse

qui voletaient sur mes épaules

ses mains de latitudes de plénitude

Gaston Miron, L’homme rapaillé (1970)


Ça m’a toujours fait rire, la Porte du Nord juste avant Saint-Sauveur: le vrai Nord, ce n’est pas des condos de touristes et des Saint-Hubert sur le bord de l’autoroute, c’est la forêt, les maringouins, la rivière Rouge et ses dunes de sable et ses cabanes à patates frites.

Julie Dugal, Nos forêts intérieures (2020)

Je vis à Huberdeau, dans les Laurentides. Ce petit village est certes aimable et attachant, mais il n’est pas beau. La forêt mixte qui l’entoure est magnifique, les vallées glaciaires se faufilent dans le corps des collines cambriennes, la rivière Rouge, qui creuse son chemin dans le sable et les roches arrondies, est fabuleuse; nous sommes au paradis. Mais le sommes-nous vraiment?

Serge Bouchard, L’œuvre du Grand Lièvre filou (2018)

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Ce pays, encore inconquis. Terre d’espérance des pauvres… Terre d’espérance des déshérités. Des tout-nus qui n’ont que leurs mains pour richesse et leur dos à user. Et une confiance, une confiance tenace en de beaux lendemains.

Le choc entre les Premières Nations et les colons dans les années 1880 raconté par Francine Ouellette, Au nom du père et du fils (1984)


je regrette de ne pas avoir protégé le secret

celui du sentier des pierres et des bouleaux

du vinaigrier et des poèmes venus du village

Claude Beausoleil, «Les sonnets de Val-David», Sonnets numériques (2007)

Oh! Dans l’train pour Sainte-Adèle

Y avait rien qu’un passager

C’était encore le conducteur

Imaginez pour voyager

Si c’est pas la vraie p’tite douleur!

Félix Leclerc, «Le train du Nord» (1950)

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