«Kukum»: deuil, espoir et quelques bémols
Très attendue, l’adaptation du bestseller de Michel Jean comporte quelques accrocs. On a parfois l’impression que les acteur·trice·s ne jouent pas dans le même spectacle.
Sa carrière de peintre a commencé en même temps que le rap, puis il est devenu une icône nommée dans des chansons de Kanye West, Nas et Jay-Z. Jouissant d’une street cred enviable, même 34 ans après sa mort, Basquiat est au cœur d’une exposition très musicale au Musée des beaux-arts de Montréal. Et notre collaboratrice l’a vue.
À plein volume–Basquiat et la musique, l'événement phare du Musée des beaux-arts de Montréal cette saison-ci, propose une analyse transversale et sonore du legs de Jean-Michel Basquiat. En mettant en valeur le parcours exceptionnel du New-Yorkais parti trop tôt, l’exposition offre une perspective passionnante sur son œuvre, en plus d’enrichir les discours sur sa pratique abruptement écourtée. Seul artiste visuel du tristement célèbre club des 27, Basquiat représente un cas notoire de mythe, légende sur laquelle les commissaires invités Dieter Buchhart et Vincent Bessières tablent, sans toutefois y sacrifier la pertinence de leur proposition. Les références musicales et les rapprochements plastiques des commissaires appuient effectivement une analyse innovante des enjeux formels d’une production marquée par la fougue, la sérialité et le son.
L’esprit de l’exposition, entre la consécration d’une icône et l’approfondissement rigoureux de sa démarche artistique, s’affirme avec éloquence dès la première salle, où l’importante toile Sans titre (Sheriff) (1981) côtoie, non sans malaise, une carte de New York retraçant les lieux fréquentés par Basquiat. En le pistant ainsi comme un chat micropucé, on exalte le folklore qui entoure sa personnalité en rejouant le paradigme de l’artiste indomptable apprivoisé par le marché de l’art et la culture populaire. La puissance et la violence de ce Sheriff deviennent, dans ce contexte, d’autant plus emblématiques de la charge sociale et politique de sa pratique. Le geste puissant et la matière texturée représentent un policier en pleine altercation. Le séquencement rythmique des lettres ajoute une tonalité saccadée à la toile, dont l’urgence est certainement amplifiée par le son punk des vidéos d’archives projetées dans la même pièce. Cette combinaison singulière d’une biographie-spectacle avec une représentation crue du monde détermine le ton de l’ensemble de l’exposition, sinon de la carrière de Basquiat.
Seul artiste visuel du tristement célèbre club des 27, Basquiat représente un cas notoire de mythe, légende sur laquelle les commissaires invités Dieter Buchhart et Vincent Bessières tablent, sans toutefois y sacrifier la pertinence de leur proposition.
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